Risque de taux d’intérêt : 3 exemples pour mieux comprendre

À première vue très théorique, le risque de taux d’intérêt expose pourtant entreprises, investisseurs et établissements bancaires à des dangers bien réels lorsqu’il n’est pas géré correctement. Découvrez quels sont ces risques et quelles sont les différentes solutions à disposition des agents économiques pour s’en prémunir au travers de ces 3 exemples.

Exemple d’une entreprise exposée au risque de taux d’intérêt

La situation

Imaginons qu’une entreprise ait d’une part des sources de financement à taux variables et d’autre part des placements dont la performance dépende des fluctuations du marché des taux d’intérêt.

Cette différence entre emplois à taux variables et ressources à taux variables constitue le “gap de taux” de l’entreprise. Or, plus ce gap de taux sera important, plus notre entreprise sera exposée au risque de taux, et donc impactée par la volatilité des taux d’intérêt.

Les risques encourus

Pour une entreprise présentant un gap de taux, deux situations peuvent être préjudiciables :

- Si ses emplois à taux variables sont supérieurs à ses ressources à taux variables, alors l’entreprise sera affectée négativement par une baisse des taux d’intérêt (les pertes enregistrées sur les emplois à taux variables étant supérieures aux économies réalisées sur les ressources de même nature).

- Dans le cas contraire, où les emplois à taux variables de l’entreprise seraient inférieurs à ses ressources à taux variables, alors l’entreprise serait cette fois-ci affectée négativement par une hausse des taux d’intérêt (les gains réalisés sur les emplois à taux variables étant inférieurs aux pertes enregistrées sur les ressources de même nature).

NB : Pour les entreprises les plus endettées, l’augmentation de la charge financière en cas d’augmentation des taux d’intérêt peut conduire (en l’absence de couverture adéquate) à d’importantes pertes financières, voire à la faillite de l’entreprise. Le risque de taux se transforme alors en risque de liquidité et/ou risque de crédit.

Les solutions à disposition

Pour réduire son exposition au risque de taux, une entreprise peut mettre en place une stratégie de couverture afin de compenser son gap de taux, en transformant par exemple une partie de sa dette à taux variable en dette à taux fixe à l’aide de produits financiers dérivés (swaps de taux par exemple).

Néanmoins, la mise en place d'une couverture du risque de taux d'intérêt représente un coût pour une entreprise. La Direction des Financements de l'entreprise, en concertation avec la Trésorerie, peut donc tout à fait opter pour une stratégie de non-couverture ou de couverture partielle en fonction de ses anticipations de l’évolution des taux.

Exemple d’un investisseur exposé au risque de taux d’intérêt

La situation

La fluctuation des taux d'intérêt peut avoir un impact significatif sur la valeur de nombreux actifs financiers, en particulier sur celle des titres à revenus fixes tels que les obligations. En conséquence, les investisseurs détenant ce type d'actifs surveillent attentivement l'évolution des taux d'intérêt afin d’adapter régulièrement leurs positions en fonction de ces variations.

Imaginons par exemple un investisseur ayant acquis une obligation d'une valeur nominale de 1000 € payant un coupon de 4% sur 10 ans. Ce dernier est alors exposé au risque de taux d’intérêt.

Les risques encourus

Pour notre investisseur, une hausse des taux d’intérêt représente un risque. En effet, si les taux d’intérêt remontent, alors son obligation sera soudainement moins attractive que les nouveaux titres de même rang et de même durée émis sur le marché, et celle-ci perdra généralement en valeur.

Dans une telle situation, si notre investisseur tente de revendre son obligation, celui-ci sera forcé de la revendre à un prix de marché inférieur à sa valeur nominale, il réalisera donc une moins-value (à moins d’avoir acheté initialement un titre décoté avec une prime d’émission).

Bien entendu, notre investisseur peut également décider de conserver l’obligation jusqu’à maturité afin de ne pas enregistrer de moins-value, mais il sera malgré tout victime d’un coût d’opportunité significatif : ses 1000€ investis sur l’obligation auront un rendement moindre que celui des autres placements dont il pourrait profiter (sauf à ce que la signature de ces placements soit moins bonne ou qu’elle ne fasse pas partie de ses allocations).

Les solutions à disposition

Il est possible pour un investisseur de piloter son exposition au risque de taux en ajustant la sensibilité de son portefeuille obligataire, et ce, en choisissant notamment des obligations dont la duration est plus courte.

En effet, le propriétaire d'une obligation dont la duration sera courte pourra réinvestir son capital dans un titre ayant un taux plus élevé bien plus rapidement que le propriétaire d'une obligation dont la duration serait plus longue. Autrement dit, plus la duration d'une obligation est longue, plus sa valeur diminue en cas d’augmentation des taux d'intérêt !

Enfin, l’investisseur pourra tout comme l’entreprise recourir si nécessaire à une stratégie de couverture totale ou partielle par l’intermédiaire de produits financiers dérivés. Néanmoins, en raison des frais générés par de telles couvertures, les investisseurs préfèrent généralement se prémunir contre le risque de taux via la construction d’un portefeuille d’investissement diversifié et équilibré.

Exemple d’une banque exposée au risque de taux d’intérêt

La situation

Le risque de taux d'intérêt est constitutif de l'activité d'une banque et, lorsqu'il est bien géré, peut lui permettre d'optimiser sa rentabilité. Cependant, une exposition excessive au risque de taux menace à la fois les fonds propres et les bénéfices d'un établissement bancaire.

Ainsi, une banque présentant un écart entre emplois et ressources à taux variables (un gap de taux en somme) s'expose au risque de taux d'intérêt à la manière d'une entreprise non financière, mais dans des proportions potentiellement bien supérieures en raison de la nature de son activité. Et ce, sans compter le risque commercial que peut constituer une baisse des taux d'intérêt pour une banque...

Les risques encourus

Bien que les différentiels de taux représentent l'un des fondements de l'activité bancaire, ces derniers sont susceptibles d'impacter non seulement les revenus, mais aussi la valeur économique nette de l'établissement. En effet, pour une banque, le risque principal lié à l'évolution des taux d'intérêt provient de la différence entre les prêts qu'elle octroie et les dépôts qu'elle reçoit.

En cas de hausse des taux d’intérêt, et si l'établissement finance ses prêts à long terme par l'intermédiaire de dépôts à court terme, la banque peut subir d’importantes pertes (la rémunération de ses prêts étant inférieure à la rémunération versée à court terme à ses clients).

À l’inverse, en cas de baisse des taux d’intérêt particulièrement marquée, la banque peut éprouver des difficultés à préserver sa marge bancaire, c’est-à-dire les quelques points de crédit inclus dans les prêts octroyés à ses clients ; ces quelques points de base représentant une part de plus en plus importante de la charge d’intérêt totale proposée à ses clients, et la concurrence entre établissements bancaires exerçant une pression forte à leur égard.

Les solutions à disposition

Afin de se couvrir contre le risque de taux d'intérêt, la banque peut, tout comme l’entreprise et l’investisseur, recourir à des produits financiers dérivés afin d’optimiser au mieux son gap de taux tout en respectant les différentes directives bancaires (et notamment les ratios de réserves obligatoires imposés par les régulateurs).

Enfin, sur le volet commercial, charge à chaque banque de trouver le bon modèle d’affaires compte-tenu de sa clientèle et de ses différentes offres commerciales.

Envie d'en savoir plus, télécharger la fiche produit en cliquant sur le visuel ci-dessous.

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