Comprendre le risque de taux : définition, origines et conséquences

Pour les entreprises ou les investisseurs engagés dans des placements ou des financements à taux variables, les fluctuations de taux d’intérêt représentent un risque : le risque de taux.


Découvrez notre résumé complet des informations à connaître sur le risque de taux pour mieux gérer l’exposition au risque de votre entreprise ou de vos portefeuilles d’investissement.

Qu’est-ce que le risque de taux ?

Par définition, le risque de taux correspond à la possibilité pour une entreprise ou un investisseur d’être impacté négativement par une variation des taux d’intérêt.

Le risque de taux pour une entreprise

Pour une entreprise, le risque de taux correspond à l’éventualité qu’une baisse des taux d’intérêt vienne pénaliser le rendement de ses placements ou alourdir la charge des intérêts de ses sources de financement. Mais attention, il ne doit pas être confondu avec le risque de crédit !

Le risque de taux entreprise peut ainsi se manifester au niveau du compte de résultat via :

- une diminution des produits financiers en cas de baisse des taux d’intérêt,

- une augmentation des charges financières en cas de remontée des taux d’intérêt.

Pour les sociétés les plus endettées, une hausse non maîtrisée des taux d’intérêt peut même aller jusqu’à mettre l’entreprise en danger en menaçant sa rentabilité. La capacité d’une entreprise à faire face au fardeau croissant représenté par la charge d’intérêt peut par exemple être mesurée par le ratio de couverture de l’intérêt (Interest cover ratio).

Enfin, le risque de taux peut également se manifester au bilan d’une entreprise par une variation de la valorisation de ses actifs ou de ses passifs, et donc impacter par ricochet certains indicateurs financiers clés tels que le ratio d’endettement net (gearing).

Afin de cartographier leurs expositions au risque de taux, les directions financières font le plus souvent appel à une solution de gestion de trésorerie spécialisée (TMS).

Le risque de taux pour un investisseur

Pour un investisseur sur les marchés financiers, le risque de taux correspond à l’éventualité d’enregistrer une perte sur ses investissements suite à une fluctuation des taux d’intérêt.

Pour le détenteur d’une obligation par exemple, une augmentation des taux d’intérêt se traduira donc par une baisse du prix du titre. En effet, le coupon d’une obligation étant fixe, son prix s’ajuste au rendement accepté par le prêteur.

La sensibilité d’un portefeuille obligataire à la variation du niveau des taux d’intérêt est généralement mesurée par sa duration :

● soit par la duration de Macaulay, c’est-à-dire par le nombre d’années nécessaires pour que le versement des coupons rembourse le prix de l’obligation (à ne pas confondre avec la maturité) ;

● soit par la duration modifiée, c’est-à-dire par la variation de prix enregistrée pour une fluctuation de 1% des taux d’intérêt.

Le risque de taux pour une banque

Bien que les banques soient exposées à la fois au risque de taux propre aux entreprises, ainsi qu’au risque de taux propre aux investisseurs, la nature de leurs activités les rend particulièrement vulnérables aux variations de taux d’intérêt. Elles se doivent donc d’être particulièrement vigilantes.

Avec la baisse historique des taux d’intérêt (et le passage en territoire négatif de certains d’entre eux), les banques voient également leurs marges commerciales s’éroder sous la pression des baisses de taux imposées par les banques centrales.

Un nouveau “risque de taux commercial” propre aux banques, aux fonds d’investissement et aux assureurs auquel ces derniers tentent de faire face en adoptant notamment de nouveaux modèles d’affaires ou de nouvelles grilles tarifaires.

D'où vient le risque de taux d’une entreprise ?

Pour une entreprise, le risque de taux provient généralement d'un décalage entre ses emplois et ses ressources à taux variables ; une différence qualifiée de gap de taux.

Le monde de la finance distingue les risques de taux suivants :

● un risque de déformation de la courbe des taux, suite à l’intervention d’une banque centrale ou à un changement du consensus sur le marché des taux d’intérêt (pentification ou aplanissement de la courbe des taux) ;

● un risque de base, lorsque la différence entre le prix d’un sous-jacent et d’un de ses dérivés se creuse sur le marché à terme ;

● un risque de révision de taux, lors du renouvellement des conditions d’un placement (OPCVM, bon du Trésor, obligation d’Etat…) ou d’une source de financement (emprunt auprès d’un établissement financier, émission sur le marché obligataire…) ;

● un risque de clauses optionnelles (covenants), en cas de mauvaise gestion des options associées aux dettes ou créances.

Afin de se préparer au mieux à toutes les éventualités, il est possible pour une entreprise de réaliser des simulations pour évaluer ses capacités de résilience en situation de stress (scénario de remontée des taux par exemple).

Plusieurs hypothèses peuvent alors être testées au niveau de la volatilité des taux d’intérêt (choc par translation, choc en escalier, choc en pourcentage…), mais également au niveau des choix de l’entreprise en comparant par exemple plusieurs sources de financement ou plusieurs modèles de développement.

Dans le cas d’une exposition libellée en devise étrangère, il est d’ailleurs également possible de suivre son exposition au risque de change afin de contrôler l’ensemble des risques financiers de l’entreprise dans un espace unique.

Comment se couvrir contre le risque de taux ?

Afin de réduire son exposition au risque, une entreprise peut décider de se couvrir contre le risque de taux grâce à des produits financiers dérivés.

Ainsi, un instrument de couverture tel qu’un swap de taux, également appelé contrat d’échange de taux d’intérêt peut permettre à une entreprise de transformer un taux variable en taux fixe, ou inversement.

Grâce à cette stratégie de couverture, une entreprise peut piloter avec précision la répartition entre taux fixes et taux variables au sein de ses placements ou de ses financements. Il lui est alors possible de réduire son exposition au risque de taux si celle-ci dépasse les limites définies dans sa politique de gestion du risque.

La mise en place d’une stratégie de couverture n’est toutefois pas une obligation. La réalisation d’opérations de couverture ayant un coût pour l’entreprise, il revient à la Direction des Financements et de la Trésorerie d’arbitrer entre les différents scénarios à sa disposition.

Pour bien gérer le risque de taux, une entreprise se doit d’adopter une approche professionnelle et de se doter des bons outils. Si tel est le cas, sa bonne gestion du risque de taux se transformera alors en véritable avantage compétitif. 

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